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Édition d’automne – octobre 2020

Pour cette édition automnale, nous vous proposions de faire votre choix parmi les mots-clés suivants. Mis à part pour les accords mots-vin, livre et vin pouvaient être commandés séparément, même s’ils étaient présentés ensemble. Une chose est sûre, cette édition vous a plu ! Merci beaucoup pour vos nombreux retours, quel bonheur de vous lire !

1. Roman phénomène américain, histoire glauque, héroïne remarquable, père incestueux et abusif, nature refuge. Ce livre était présenté en même temps qu’un vin rouge, généreux, fruité et épicé, du Languedoc, syrah-grenache-marselan.

2. Une sorte d’escape book, à la Agatha, au feeling Downton Abbey, énigmatique, prenant et un vin blanc, fruité, avec une touche saline, de la vallée du Rhône, sauvignon.

3. Un livre qui parlait d’identité, de tolérance, de métamorphose, de New York et de “Queens” avec un vin blanc, fumé, vieilles vignes, fruité, de Touraine, sauvignon.

4. Un premier roman, de fiction historique, à propos de génocide, d’amour, déchirant et un vin rouge, ample et généreux, fruité et boisé, du Languedoc, syrah.

5. Un thriller psychologique, aux apparences trompeuses, sur une île mystérieuse, parlant de disparition et de traumatisme et un vin blanc, souple, avec une légère acidité, du Languedoc, viognier-marsanne.

6. Une lecture émouvante, qui parlera à toutes et à tous, aux personnages attachants, sur vieillir et la reconnaissance ainsi qu’un autre texte de théâtre, d’une auteure belge, sur la séduction, le consentement et une certaine zone grise.

7. Un récit rural noir, qui parle de viol(ence) et de séquestration, de pauvreté, sous forme de cahiers de vie en un roman choral et d’un vin rosé, nature, avec du corps, de Sicile, nero d’avola.

8. Histoire noire, colonisation, ségrégation, civilisation ?, réflexion ! avec un vin, non un cidre brut, artisanal, double fermentation, belge.

9. Un thriller, à Tchernobyl, macabre, sur fond de corruption, sans temps mort !

10. Un récit sur la parentalité solo, les faiblesses du quotidien, l’étouffement, la culpabilité et la fugue et un vin rouge, léger et fruité, frais, des Cévennes, cinsault-grenache.

Et enfin, vous avez été nombreuses et nombreux à nous faire totalement confiance et à opter, à l’aveugle, pour

11. notre accord mots-vin blanc

12. ou notre accord mots-vin rouge.

Merci !

Les premiers mots-clés de cette sélection, à savoir : roman phénomène américain ; histoire glauque ; héroïne remarquable ; père incestueux et abusif ; nature refuge et rouge ; généreux ; fruité et épicé ; languedoc ; syrah-grenache-marselan présentaient My Absolute Darling de Gabriel Tallent et le délicieux Convivialité dont le nom a parlé à nombre d’entre vous.

Le Convivialité provient du Château Camplazens, dans lepays d’Oc. Ce vignoble, fouetté par la tramontane, tire sa singularité d’un sol calcaire fissuré qui, combiné à un climat méditerranéen maritime, a favorisé le maintien d’une grande biodiversité (garrigue) et apporte à ces vins méditerranéens beaucoup de fraîcheur, de minéralité et de race. Un excellent vin qui nous a été conseillé par La Maison des Vins (caviste chouchou de la place Keym de Camille).

Quant à My Absolute Darling, moi, je me souviens l’avoir lu au bord d’une piscine, les pieds dans l’eau, le reste du corps en train de dorer sous le soleil du Sud de la France. Le contraste n’aurait pas pu être plus grand. Car s’il y a bien un endroit où le soleil ne brille pas, c’est au sein du foyer de Turtle. On le comprend vite, Turtle grandit dans un environnement des plus malsains avec un père violent, abusif et manipulateur, qui cache ces merveilleux traits de caractère sous un charisme désarmant qui lui confère une emprise quasi totale sur sa fille aveuglée. Turtle peut heureusement s’échapper de temps en temps dans la forêt et la nature environnantes. Jusqu’au jour où elle y rencontre Jacob et Brett, deux randonneurs perdus. Les adolescents se lient d’amitié, avec un petit plus entre Jacob et Turtle. Ce qui, elle le sait, ne plaira pas du tout à son père. Ouvrant peu à peu les yeux sur l’anormalité de sa situation et de la relation qu’elle a avec son père, Turtle se lance sur le chemin de l’émancipation… qui pourrait lui être fatale.

Roman initiatique par excellence, My Absolute Darling nous permet de rencontrer une héroïne forte et courageuse au détour de pages à la limite du soutenable, tout en abordant quelques sujets d’actualité toujours brûlants aux États-Unis : l’accessibilité des armes, le survivalisme, le manque d’éducation dans les coins reculés, la toute-puissance du père… Il s’agit d’un premier roman pour Gabriel Tallent qui porte bien son nom (héhé) et qui signe ici un roman phénomène qui n’a certainement pas fini de faire parler de lui ! Vous aimeriez l’ajouter à votre PAL ? Il est en vente à la Librairie Flagey, qui propose une super sélection de livres des Editions Gallmeister.

Les mots “escape book, à la Agatha, feeling Downton Abbey, énigme, prenant” en ont séduit beaucoup, et on les comprend ! Derrière ces mots prometteurs se cache le roman Les Sept Morts d’Evelyn Hardcastle de Stuart Turton, disponible également à la Librairie Flagey. Une intrigue comme on les aime : bien ficelée, énigmatique, avec ce qu’il faut d’indices pour qu’on ait envie et l’espoir de la résoudre avant le héros, des rebondissements et un twist plutôt original ! Pour ne rien gâcher, l’histoire se passe dans un cadre prometteur. Une grande et vieille demeure au détour des couloirs de laquelle on s’attend à croiser un Mr Bates, une Miss Marple ou, carrément un colonel Moutarde (dans la bibliothèque, avec le chandelier… vous avez la réf’ ?). Mais qui a tué le Dr Lenoir ? Heu… Evelyn Hardcastle ? Aiden Bishop a seulement quelques indices pour le découvrir. Mais s’il ne démasque pas le coupable avant 23 h, il est condamné à revivre la même journée, encore et encore.Comme dans une sorte d’escape game de papier, le lecteur s’efforce de déceler les indices qui entourent le héros, de saisir la phrase qui trahira, forcément, l’un des personnages ou d’anticiper le dénouement qui ne peut, quand même, pas être à ce point original qu’on n’y a pas pensé (et pourtant !). Alors qu’amis, ennemis, complices, maître-chanteur, coups de théâtre et coups du sort s’enchaînent, le lecteur ne peut que se hâter de tourner les pages pour découvrir qui en veut à ce point à la famille Hardcastle. Ce livre était présenté en même temps qu’un vin “blanc/fruité/touche saline/vallée du Rhône/sauvignon” ; fruit de la collaboration entre, Joël Robuchon, grand nom de la cuisine française et Caroline Frey, l’œnologue de la maison bicentenaire Paul Jaboulet Ainé et l’une des 200 personnalités du vin en France. Ce 100% sauvignon, aux notes d’agrumes et à la bouche fraîche et pleine d’éclat, est disponible chez De Coninck Wine Ixelles.

Les mots « identité, tolérance, métamorphose, New York, “Queens” » faisaient référence à une prodigieuse immersion dans le New York des années sida jusqu’à nos jours. Il s’agit de Jolis Jolis Monstres de Julien Dufresne-Lamy que nous sommes allées chercher à la Librairie La Licorne.

« Nous sommes un secret enfermé dans une boîte qu’il ne faut surtout pas ouvrir. »

Une fois cette boîte ouverte, vous voilà embarqué.e dans 3 décennies d’exploration de culture drag-queen et voguing. Outre RuPaul, Madonna, Björk, Keith Haring, Andy Warhol ou David Bowie, vous ferez surtout la connaissance des deux narrateurs (les seuls personnages fictifs de ce roman) : Lady Prudence et Victor. 

Lady Prudence, « James » de naissance, afro-américain de 60 ans, a été l’une des plus belles figures drag’ de New York avant de se retirer de la scène. Victor, quant à lui, ne connaît absolument rien à ce milieu : ancien « bad boy » et membre de gang, il est aujourd’hui marié et père d’une petite fille. Jusqu’au jour où sa vie va, vous vous en doutez, prendre un tournant inattendu…

C’est l’histoire de ces chemins respectifs qui vous est racontée, sorte de roman d’apprentissage aux mille et unes couleurs, véritable hymne à la différence et à la tolérance. Notre coeur se serre face à la difficulté d’oser être soi, face aux comptes que l’on peut tenir avec soi-même : vaut-il mieux se mentir et être malheureux.se ou risquer de perdre sa famille ? Des questions qui résonnent tellement aujourd’hui. D’une écriture nerveuse, l’auteur nous parle d’homophobie, de haine, du sida qui s’invite à la fête et effraie tout le monde, mais aussi d’acceptation, de solidarité et d’amour. 
Une pépite extrêmement bien documentée, accessible à tous.tes et monstrueusement attachante que nous vous présentions en même temps qu’un vin “blanc, fumé, vieilles vignes, fruité, sauvignon, Touraine”. Derrière ces mots, le Silex du Domaine Preys, l’un des plus grands et des plus modernes du Val de Loire, implanté sur les terroirs d’appellation Touraine et Valençay. Il propose une gamme complète de vins blancs, rosés et rouges, d’une grande typicité, à la fois légers et délicats ; gouleyants et rustiques : à boire jeunes et frais. Le Silex présente une bouche fruitée, fraîche et complexe ; avec une belle minéralité, une touche fumée, et un nez fin très minéral. Toutes les occasions sont bonnes pour servir ce 100 % sauvignon que vous trouverez chez De Coninck.

“Passé un certain âge, nos sociétés se méprennent quant à l’émerveillement : on le prend facilement pour de la naïveté.”

Cette jolie phrase est l’une de celles (nombreuses…) que nous avons délicatement soulignées dans le livre que nous vous décrivions sous les mots-clés “premier roman, fiction historique, génocide, amour, déchirant” et qui désignaient J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi de Yoan Smadja.

Sacha est critique culinaire spécialisée en pâtisserie, mais ça n’a pas toujours été le cas et ça semble parfois même n’être qu’une manière d’adoucir les horreurs de son passé, du temps où elle était grand reporter.

En 1994, elle se trouve au Rwanda lorsque le président Habyarimana est victime d’un attentat. S’ensuivent des mois de massacres contre les Tutsi aux 4 coins du pays, un appel à la vengeance pour le “nettoyer de sa vermine”. Au fil des déplacements de Sacha, le/la lecteur.rice plonge dans la politique de ce pays et les horreurs qui en découlent.

La gorge régulièrement nouée, on ne sombre pourtant jamais dans le larmoyant. On est captivé.e.s par une écriture sensible qui se matérialise dans les lettres qui entrecoupent le récit de Sacha et parsèment parfois un peu d’espoir et de lumière dans les ténèbres du quotidien. Ces lettres sont écrites par Rose à son mari absent. Rose est muette de naissance. Elle est aussi Tutsi. Elle écrit l’Amour, mais aussi sa fuite, comme des mots à la place des cailloux pour que son mari puisse retrouver sa trace et qui sait, peut-être un jour, la rejoindre…

Un premier roman instructif et poignant qui a reçu le Prix Honoré de Balzac et le Prix de la ville de Tours, à retrouver à la Librairie La Licorne, à Uccle.

Le même jour, nous vous proposions un vin “rouge, ample et généreux, fruité et boisé, du Languedoc, syrah” : le Montagne Noire. Un 100 % syrah à la bouche d’une grande finesse : longue et équilibrée avec des tanins soyeux. Au nez, on remarque des notes de fruits rouges et de garrigue finement sublimées par un léger boisé. Normal pour un vin issu de vignes situées au pied de la Montagne Noire, entre bois et garrigue. Jean-Michel Cazes y a sélectionné une parcelle de qualité pour y créer un grand vin d’AOC Minervois. Altitude et douceur atlantique mêlées au soleil méditerranéen permettent une maturation lente et équilibrée des raisins. Cette parcelle révèle les potentialités des cépages locaux, leur grande typicité et leur complexité aromatique.

Vous n’avez pas encore dégusté votre bouteille (quelle est votre excuse ?) ou vous avez déjà réussi à vous en procurer une autre (chez De Coninck Wine Merchant since 1886, à Ixelles) ? Alors pensez bien à l’ouvrir 30 minutes avant la dégustation. 

Il y a des livres difficiles à résumer et on ne sait pas toujours pourquoi. Celui qui se cachait derrière les mots « thriller psychologique, apparences trompeuses, île mystérieuse, disparition, traumatisme » en fait partie. Pourtant ce livre a fait l’unanimité au sein de votre comité de lecture dévoué ! Trouver un thriller de haute volée – de ceux où vous avez beau faire mille suppositions, vous tombez quand même de haut au moment du dénouement -, c’est rare, surtout pour les amateurs du genre. D’où la complexité de vous le présenter sans risquer de vous en dévoiler le twist

Dans Les Refuges, Jérôme Loubry manie suspense, illusions et retournements de situation avec brio. Le lecteur est d’emblée plongé dans le bain : un matin, sur une plage, une femme erre sous le choc et en sang. Sandrine, l’héroïne, vient visiblement de vivre une expérience traumatisante, mais elle n’en garde aucun souvenir. À l’hôpital, sa psychologue et un inspecteur essayent petit à petit de faire resurgir ses souvenirs ; de démêler son récit pour découvrir où se cachent les incohérences. Mais comment déceler la vérité quand votre esprit fait tout pour l’oublier ?

Accrochez-vous, ce livre, provenant de la Librairie La Licorne, vous emmènera sur une île des plus mystérieuses dont il semble difficile de s’en aller… et d’ailleurs vous n’en reviendrez sûrement jamais tout à fait.

Un livre que vous pouviez choisir de lire en dégustant un vin « blanc, souple, à l’acidité, légère, du Languedoc, viognier-marsanne » : l’Ostal Albe, que nous a conseillé le caviste De Coninck Wine Ixelles. Un vin mêlant les cépages viognier et marsanne, dont l’attaque est souple et grasse, soutenue par de la fraîcheur. Son acidité surprenante laisse place à une finale longue et onctueuse. Au nez, vous reconnaîtrez un parfum de fleurs blanches mêlé de notes minérales, briochées et fruitées.

Son histoire ? C’est au cœur du village de La Livinière, au pied de la Montagne Noire, que la famille Cazes crée le Domaine de L’Ostal. Au milieu d’une nature préservée, entre chênes verts et cyprès, la propriété possède tous les atouts nécessaires à la création d’un grand vin du Languedoc. Le Domaine de L’Ostal tire son nom du vocable « ostal» issu de l’ancienne langue d’oc, qui signifie à la fois « maison » et « groupe familial». Un nom qui est donc chargé de sens et d’histoire pour ses propriétaires.

Qu’en avez-vous pensé ?

Les Gratitudes, qui se cachaient derrière les mots-clés Lecture émouvante ; parlera à toutes et à tous ; personnages attachants ; vieillir et reconnaissance, c’est l’histoire des retrouvailles tant attendues avec la plume de Delphine de Vigan. Mais c’est surtout l’histoire très émouvante d’une dame âgée qui perd peu à peu son indépendance. Une chute, deux chutes, trois chutes, un bracelet-alarme au poignet, au cas où… et puis les mots qui s’envolent, qui se croisent, qui se mélangent. Elle dit « d’abord » pour « d’accord » sans s’en rendre compte. Elle, pour qui les mots étaient si importants…

C’est une histoire tendre de la vieillesse.

C’est beau, c’est doux, ça touche au plus profond du cœur. Quelques larmes se sont égarées en tournant les pages, et l’envie foudroyante d’appeler ses proches pour leur dire « Merci » et « Je t’aime ».

Vous le proposer par temps de coronavirus, on le sait, c’est vache. Mais à l’heure où « nos vieux » se meurent dans la solitude de leur home, où la question se pose de leur légitimité à occuper l’un des si rares lits disponibles dans les unités de soins intensifs du pays et où tellement d’enfants et de petits-enfants doivent entamer leur deuil sans un dernier au revoir, on trouvait important de mettre en lumière cette ode à la vieillesse, cette histoire d’amour intergénérationnelle qui nous rappelle qu’« elle aussi, lui aussi a aimé, crié, joui, plongé, couru à en perdre haleine, monté des escaliers quatre à quatre, dansé toute la nuit. Elle aussi, lui aussi a pris des trains, des métros, marché dans la campagne, la montagne, bu du vin, fait la grasse matinée, discuté à bâtons rompus. »

Le même jour, on vous proposait Anna : une fête dans un bar, une fête comme il y en a chaque soir, où les ami.e.s de mes ami.e.s sont mes ami.e.s. 

C’est dans cette fête comme une autre au bar du Chaton perdu qu’Anna rencontre Victor, un ami de son frère avec qui le contact passe directement. Ils s’offrent des verres, flirtent, dansent, rigolent. La fin de soirée approche. L’heure de rentrer. Il la pousse doucement contre une voiture et l’embrasse. Il embrasse sa nuque. Elle a l’air surprise. Elle semble hésiter. Il enlève son chemisier. Elle porte plainte. 

N’a-t-elle pas « réellement » dit « non » ? Ou est-ce plutôt lui qui ne l’a pas entendu ? Comment réagira son entourage ? Quel silence est le pire de tous ?

Anna, qui se cachait derrière théâtre ; auteure belge ; séduction ; consentement ; zone grise est un texte écrit par Pamela Ghislain (édité chez Lansman) et mis en scène par Sandrine Desmet devait être créé aux Riches-Claires la saison dernière. Annulé pour cause de confinement, vous pourrez finalement – on l’espère vivement – découvrir cette pièce en juin 2021.

Vous avez peut-être déjà remarqué que le “feel good” n’est pas vraiment le genre de prédilection au sein de la team d’Enlivrez-vous, la box… Et ce ne sont pas les mots-clés “récit rural noir, viol(ence) et séquestration, pauvreté, cahiers de vie et roman choral” qui dérogeront à la règle. Il faut dire qu’on adore les romans qui nous prennent aux tripes pour ne plus nous lâcher, même longtemps après avoir tourné la dernière page.

C’est le cas avec Né d’aucune femme de Franck Bouysse que nous sommes allées acheter chez TuliTu. Comment résumer ce magnifique, puissant, touchant, à la fois sombre et lumineux roman sans trop vous dévoiler l’intrigue ?

On vous dira juste que l’on y découvre la dure vie (et ceci est un euphémisme) de Rose, au travers des cahiers qu’elle a écrits et qui sont découverts par le Père Gabriel. On plonge dans une autre époque, une époque où il n’y a pas de place pour l’insouciance, pour l’enfance, pour la joie. Le tout raconté d’une main de maître par Franck Bouysse, d’une écriture vibrante et musicale.

“C’est toujours ce qui se passe avec les mots nouveaux, il faut les apprivoiser avant de s’en servir, faut les faire grandir, comme on sème une graine et faut bien s’en occuper encore après, pas les abandonner au bord d’un chemin en se disant qu’ils se débrouilleront tout seuls, si on veut récolter ce qu’ils ont en germe.”

Ce roman était présenté en même temps qu’un vin “rosé, nature, avec du corps, de Sicile, nero d’avola”, le Rosato Terramatta. Ce rosé sans sulfites ajoutés est surprenant. Brut, avec du corps et une légère présence tanique, il se présente sous une belle robe foncée. Le petit plus ? Giorgio et ses collègues qui produisent ce vin particulier participent à un projet de réinsertion via la production de fruits, légumes et une gamme de breuvages bruts de décoffrage. On vous conseille vivement de foncer chez Tortue ou chez CUIT CUIT pour vous le procurer !

Derrière les mots “Histoire noire, colonisation, ségrégation, civilisation ?, réflexion !” se trouvait Il est à toi ce beau pays de Jennifer Richard que vous trouverez à la Librairie Flagey.

“Il est à toi ce beau pays, ce pays dans lequel tu vis.”

Ça sonne logique, dit comme ça. Mais on le sait, ça n’a pas toujours été et ce n’est parfois pas toujours le cas. Jennifer Richard se lance ici dans le projet ambitieux de consigner toutes ces injustices.

Dans cette fresque majestueuse, il y a les pays qui ont été pillés par les “grands saigneurs esclavagistes” (c’est joliment dit), les pays qui ont été colonisés “pour leur bien”, les personnes qui ont été volées ou attirées sur d’autres terres sous de faux prétextes et puis laissées pour compte quand on n’a plus eu besoin d’elles. Il y a leurs descendants nés sur ces terres étrangères, qui deviennent donc les leurs alors qu’ils n’y sont pas les bienvenus, il y a le ressenti des opprimés et celui des oppresseurs. Les récits d’aventures des grands explorateurs. Le Ku Kux Klan et ses horreurs. Il y a les ambitions mégalomanes à l’origine de la construction d’un palais de justice aussi grand que le nôtre et il y a Ota Benga, un pygmée congolais qui voudrait rentrer chez lui. Europe, Afrique, Amérique, d’un chapitre à l’autre, on traverse les continents et, au fil des pages, les époques. On rencontre des personnages historiques célèbres : Georges Washington Williams, Stanley, Léopold II, Livingstone… et on découvre l’Histoire de leur point de vue. C’est un roman foisonnant qui se veut l’écho d’une Histoire troublante.

À ses côtés lors des présentations, un “cidre brut, artisanal, à double fermentation, belge” produit par La Cidrerie du Condroz, une coopérative à finalité sociale, qui se base sur des valeurs fortes et mise tout sur le respect de la nature et de l’humain.

Elle souhaite y travailler main dans la main avec la nature. C’est pourquoi, le cidre n’y est produit qu’à partir de variétés anciennes de pommes belges, non traitées et issues de vergers hautes tiges belges. Une dimension collective existe en outre autour du projet : le citoyen est invité à s’investir dans l’entreprise, d’un point de vue financier et/ou humain.

Le cidre est entièrement artisanal. Les pommes sont pressées délicatement durant 4 heures. Le jus fermente naturellement pendant 5 mois en barriques de chêne. Une seconde fermentation a ensuite lieu en bouteille. Nous, on l’adore ! Vous le trouverez notamment chez CUIT CUIT.

“Thriller, Tchernobyl, macabre, corruption” qui nous promet qu’il n’y aura “aucun temps mort”. Intrigant, n’est-ce pas ? C’est ce que vous promet De bonnes raisons de mourir de Morgan Audic.

Direction l’Ukraine et plus précisément Pripiat, ville fantôme située dans la zone d’exclusion de Tchernobyl. Le décor idéal pour découvrir un cadavre mutilé suspendu à une façade. 

L’officier Joseph Melnyk, est assigné à l’enquête, accompagné de la jeune Galina Novak dont c’est la première affectation. Rapidement, leur enquête rejoindra celle de Rybalko, ancien inspecteur de la milice de Moscou, engagé par la famille de la victime pour retrouver le coupable de cet horrible crime. Leurs découvertes vont les ramener quelques décennies plus tôt, la fameuse nuit de l’explosion, pendant laquelle un autre crime était survenu. 

Qu’attendez-vous d’un thriller ? Si votre réponse est “un livre qu’on ne peut plus lâcher une fois entamé, qui vous embarque les yeux fermés d’un rebondissement à l’autre, dont le dénouement n’est pas décevant (ça nous arrive trop souvent) et qui, en plus, nous éclaire sur les répercussions sociales de l’après Tchernobyl”, vous avez le titre qu’il vous faut ! 

Nous voilà déjà à la dernière présentation de livre et vin proposés sous la forme de mots-clés lors de l’édition d’automne !

« parentalité solo, faiblesses du quotidien, étouffement, culpabilité, fugue »… Autant de mots qui caractérisent Tenir jusqu’à l’aube de Carole Fives, provenant de la Librairie La Licorne.

La parentalité… Pas évident tous les jours, n’est-ce pas ? Encore moins quand on est seul.e pour l’assumer. C’est le cas de notre narratrice, mère d’un petit bout de 2 ans, qui essaie tant bien que mal de garder la tête hors de l’eau.

On ne parlera ici ni de tâches ménagères ni de couches à changer, mais plutôt de ce sentiment d’étouffement. Devoir être constamment présent.e, attentif.ve, aimant.e, sans jamais pouvoir souffler. Il y a le loyer à payer, les factures qui s’accumulent. Mais où trouver le temps de travailler quand on est freelance avec un enfant, qu’on travaille de la maison, dans une situation financière de plus en plus précaire ? C’est la spirale infernale : pas de place en crèche communale, les prix exorbitants des crèches privées qu’elle ne pourra jamais se payer puisqu’il lui faudrait, pour ce faire, décrocher plus de contrats, alors qu’elle a déjà du mal à honorer les quelques commandes qu’elle parvient à obtenir en grappillant son temps de travail sur les rares siestes de son fils…

Elle suffoque.

Il y a aussi le regard des autres… celui de celles et ceux qui lui lancent que « ce n’est quand même pas compliqué de s’organiser, tu n’es pas la seule mère célibataire »… Alors, chaque soir, quand l’enfant s’est endormi, elle joue avec le feu et s’accorde un tour du pâté de maison, 20 petites minutes qui, au fil des nuits, s’étirent de plus en plus… mais à quel prix?

Une fable hommage aux parents solo que l’on offrirait bien à nos ami.e.s concerné.e.s accompagnée d’un « je suis là, tu peux compter sur moi ».

Tenir jusqu’à l’aube était présenté en même temps qu’un vin « rouge, léger et fruité, frais, des Cévennes, cinsault et grenache » : le Freesia du Mas d’Espanet que vous pourrez aller chercher chez Basin & Marot.

Le Mas d’Espanet se situe à mi-chemin entre Uzès et Sommières dans le Languedoc et est conduit avec brio en biodynamie par Agnès et Denys Armand. On trouve dans chaque vin beaucoup de vitalité, de saveur, de caractère et un fruit qui s’exprime chaque fois avec une évidence réconfortante.

Ce rouge, de cépages cinsault et grenache, possède des arômes de mûre fraîche et violette et une bouche fruitée tout en finesse. C’est un vin rafraîchissant, léger, croquant et souple qui se boit presque comme un rosé.

Aujourd’hui, nous vous dévoilons les livres et les vins qui composaient nos accords mots-vin. Commençons par le blanc ! Le concept de l’accord mots-vin ? Que l’encre des mots se reflète dans votre verre de vin…. ou inversement ! Par un goût, un nom, une illustration…

L’accord blanc (c’est-à-dire associé avec un vin blanc) de cette édition vous emmène dans la campagne française pour côtoyer, le temps d’un instant, viticulteurs et agriculteurs. Deux métiers synonymes de sacrifice, de passion, de solidarité et d’amour de la terre, comme les dépeint si bien la narratrice de Des orties et des hommes, provenant de la librairie TuliTu.

“Un troupeau, des hectares de terre à travailler. Papa et maman sont usés et rien qui balaie la peine de vivre sauf les rires qu’ils s’inventent parfois. Quelque chose remue pourtant dans la commune et les esprits depuis des mois. Ça bout de colère et de fraternité suite à l’histoire d’un fermier menacé d’expulsion sur l’exploitation où il travaille. Un paysan sans terre, comme papa qui n’a jamais pu avoir assez d’emprunt au Crédit agricole pour s’installer vraiment dans une exploitation à lui.”

Dans son récit autobiographique, Paola Pigani nous offre un récit en hommage au monde paysan, à travers son enfance de fille d’immigrés italiens dans la campagne française des années 70. Une prose touchante, où transparaît un amour pour la nature, une nostalgie de cette enfance passée entre la terre et les bêtes, mais aussi la rudesse et la tristesse de ce mode de vie.

Le plateau des Mauges vit au rythme paisible des clapotis de l’Evre, cette rivière sauvage et sinueuse qui serpente au milieu de merveilleux coteaux… C’est là que se niche le vignoble cinquantenaire et atypique « Réthoré Davy ». Là où la terre, les hommes et les vignes racontent de belles histoires et produisent des vins d’exception.

Une gorgée de votre vin Parcelles, que vous pouvez vous procurer à La Maison des Vins, et vous voilà, lecteur.rice, aux côtés de Pia. En train d’observer ces hommes et ces femmes qui, à la sueur de leur front, travaillent pour gagner leur pain et fabriquer le nôtre…

L’accord mots-vin rouge (et oui, vous l’avez compris, c’est-à-dire associé avec un vin rouge) qui donne soif de justice … quitte à la rendre soi-même !

Le concept de l’accord mots-vin ? Que l’encre des mots se reflète dans votre verre de vin…. ou inversement ! Par un goût, un nom ou une illustration. Ici, par deux héroïnes : Thelma la battante et Alice, l’attachante. Et par des thèmes: violence domestique, solidarité féminine, quête d’identité, fuite, féminisme… Comment ça « Thelma », ça ne vous dit rien ? Mais si, c’est l’héroïne de Thelma et Louise, ce road movie féministe des années 90 qui nous invite à se libérer de la soumission patriarcale et à prendre le contrôle, vous voyez ?

Et surtout, par un côté libre et sauvage qui se retrouve dans les fleurs, mais aussi dans ce breuvage de la cave de Castelmaure, qui se situe dans les Hautes Corbières, sur le terroir de Durban (entre Perpignan et Narbonne). Elle est considérée comme l’une des caves coopératives les plus dynamiques du Languedoc. Le terroir mêle coteaux, calcaires et schistes, qui s’entrelacent pour créer des vins d’une typicité unique.

Dans ce premier roman de l’auteure australienne Holly Ringland, Les Fleurs Sauvages, nous suivons Alice Hart dont le début de vie ne fait pas vraiment rêver. Fille d’un père violent, dans une maison isolée du reste du monde, Alice se retrouve du jour au lendemain « contrainte » d’aller habiter chez une grand-mère dont elle n’avait jamais entendu parler et qui s’occupe d’une plantation de fleurs. Dans cette famille peuplée de fantômes et de secrets, elle va devoir briser le cercle vicieux des traumas transgénérationnels dont les femmes, pourtant fortes, semblent être victimes. Un autre livre que vous pouvez notamment trouver chez TuliTu.

« Elle passait son temps à remettre au lendemain. Quand Alice ira à l’école je le lui dirai. Quand Alice sourira, je le lui dirai, quand Alice le demandera, je le lui dirai. “Fais attention, June”, l’avait avertie Twig, “le passé a une curieuse façon d’engendrer de nouvelles pousses. Si tu ne t’en occupes pas immédiatement, ces histoires se resemeront d’elles-mêmes.”»

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